dimanche 9 mars 2014

11 Mars - renaît la lumière


 










Tout disparaît. La pratique continue...



Zoketsu Norman Fischer Shambala Sun Mai 2012

Le récit de la disparition du Bouddha, telle qu'on la trouve dans le Mahaparinibbana Sutra du canon pâli est d'une beauté austère. Le Bouddha ayant déjà « renoncé à la force vitale » et annoncé le moment et le lieu de sa disparition, est entouré de ses disciples. Il leur demande s'ils ont des questions ou doutes ultimes, et devant leur silence – et grâce à sa clairvoyance- il réalise qu'ils sont fermement établis dans l'éveil.





 Il prononce alors ses dernières paroles, pour eux et toutes les générations suivantes de pratiquants : 
« Maintenant, moines, je vous le dis : tout ce qui est composé a la nature du changement. Soyez diligents dans votre pratique. »

Puis le Bouddha entre dans les différents niveaux de méditation, disparaissant finalement de cette vie . Les moines qui ne sont pas encore complètement éveillés «  s'arrachent les cheveux, lèvent les bras, se jettent par terre, et pleurent avec un chagrin extrême en criant « Trop tôt ! Trop tôt ! ».

Mais les moines pleinement réalisés restent attentifs et disent : «  Tout ce qui est composé est impermanent. A quoi bon pleurer ? »

(...)
 
Dans la façon dont cette scène finale est racontée, le contraste entre les moines qui expriment leur chagrin et ceux qui reçoivent la disparition du Bouddha avec équanimité ne pourrait pas être plus grand. Le sutra semble impliquer une désapprobation des premiers et une approbation des seconds.
 
Ou bien peut-être que désapprobation/approbation est dans notre façon de lire.


Parce que si l'impermanence est la permanence est la Nature de Bouddha, alors la perte est la perte est aussi le bonheur, et les deux sortes de moines doivent être approuvés. L'impermanence n'est pas seulement à dépasser et à conquérir. Elle est aussi à vivre et à apprécier, parce qu'elle reflète tout ce qui est de notre nature humaine.

Les moines qui pleurent et qui crient n'expriment pas seulement leur attachement, ils expriment aussi leur immersion dans cette vie humaine, et leur amour pour quelqu'un qu'ils révèrent.

 
J'en ai fait l'expérience plus d'une fois dans les moments de grandes pertes : (…) mes larmes et ma tristesse sont l'expression de l'amour, et ma douleur me fait aimer davantage le monde et la vie. Chaque apprentissage de l'impermanence , personnel et émotionnel que la vie a été assez généreuse pour m'offrir, a approfondi mes possibilités d'aimer.

 
Le bonheur que la pratique spirituelle promet n'est pas une félicité sans fin, une joie sans fin, une transcendance infinie. Qui voudrait cela dans un monde où il y a tant d'injustice, de tragédies, de malheurs, de maladies et de mort ?

 
Ressentir le fléau de l'impermanence et de la perte et l'apprécier en même temps profondément en tant que splendide essence de ce que cela signifie « être tout ce qui est » - voici la vérité profonde dont j'entends l'écho dans les dernières paroles du Bouddha.

 
Tout disparaît. La pratique continue.















Poème de Noiri Roshi  ( Maître de Moriyama Roshi) :

La transmission juste

est la prosternation

en signe de gratitude



L’Éveil juste est le véritable Maître



Lorsque la foi pure apparaît

pratique et action juste
          ne font plus qu'un












               Au-dessus du toit            
de tuiles bleues
la lune
comme un ballon d'enfant



























La cloche sonne; le son en est tout doré de soleil






L'univers entier ( tel quel) est le véritable corps humain.
L'univers entier est la porte de la libération.
L'univers entier est l'oeil du bouddha Vairochana.
L'univers entier est le corps du Dharma du soi.

 Yuibutsu Yobutsu. Seul un Bouddha reconnaît un Bouddha SBGZ






















Le corps en son entier – une clochette du vent


bouche ouverte suspendue dans le vide


n'offrant aucune prise au vent


ne parlant que de sagesse 


pour le bien des autres.


M° Nyojo cité dans « Inmo » Shobogenzo M°Dogen










 Juste deux mots qui tournent dans ma tête pour dire notre vie humaine, ses limites, notre Nature de Bouddha, sans limites, 
et notre Voie, toujours là: "aimer" et "lumière" - et bien sûr, "merci " est dans chacun de ces mots, à chaque instant...







 
Dans la montagne vide l'homme est sans forme


Où la voix seule vient en échos.


Les ombres du couchant s'inversent dans la forêt-


Sur la mousse renaît la lumière

Wang Wei










Plus de photos du Japon: http://zendo3tesoros.wordpress.com/zuigakuin/


2 commentaires:

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