Vers la lumière Sokyu Genyu éd. Philppe Picquier
De nouveau, au milieu de l'obscurité, d'innombrables lumières s'entremêlent. Éparpillées selon divers angles, on dirait des aiguilles ou de fines stalactites.A la limite entre lumière et obscurité, j'ai vraiment l'impression de percevoir comme l'ombre de la lumière mais je me dis que la lumière n'a pas d'ombre.
L'ensemble
des innombrables lumières flotte et se répand comme une surface
liquide, et envahit tout mon champ visuel.
Si
on me disait qu'il s'agit de la Voie Lactée, je serais prête à le
croire mais serais tout aussi convaincue si on me disait qu'il s'agit
d'un agrandissement de la surface des pétales des fleurs de
cerisier...
...«
Savez-vous que dans ce Paradis de la Terre Pure, les choses
apparaissent telles qu'on les désire ? Si on veut entendre de
la musique, on en entend ; si on veut sentir un bon parfum, on
peut le sentir.
- C'est possible ce genre de choses ? dis-je en riant.
Mais
Jiun répond « Je ne sais pas » et commence à raconter
une histoire plutôt étrange. Et de nouveau il est question
d'atomes, de quarks, de « supercordes » et je ne sais
trop quoi encore. Finalement ce que je crois comprendre c'est que «
l'énergie cosmique est invariable » et c'est à peu près
tout. C'est plutôt rassurant comme information d'ailleurs.
Mais
juste après, Jiun continue, sans aucune gêne, à parler de
l'instant où quelqu'un meurt, en posant l'hypothèse d'une
transformation en énergie. « Une énergie énorme se dégage
alors. »
... «
Je pense -dit Jiun- que la plus grande part de cette énergie reste
inutilisée. Alors, cette énergie, je me demande si elle ne se
concentre pas dans la puissance qu'on appelle Amida. Cette énergie
énorme, c'est à dire Amitâbha, produirait donc peut-être
l'apparition de ce qu'on appelle la Terre Pure ».
Je me sens
vraiment dans un état étrange. Un bonze qui se respecte ne ferait
sans doute pas des raisonnements comme ceux de Jiun. Ce qu'il dit, à
la limite, peut tout à fait amener à se réjouir de la mort à
venir.
Depuis
que je suis hospitalisée, je fais mon possible pour ne pas penser à
la mort, mais en voyant les belles mains rosées de Jiun posées sur
ses genoux, c'est la première fois que je me sens prête à accepter
simplement l'idée que la mort est proche.
Ce
qui me semble étrange, au fond, ce n'est pas cette acceptation de la
mort, c'est plutôt que, quelle que soit la façon dont on tente de
se la représenter, on garde finalement un vague sentiment
d'incompréhension.
…. Ce que je ressentais à ce moment-là, je pense que c'était peut-être la grandeur de la vie.
Je
n'aurais su expliquer pourquoi, mais il me semblait que ma vie, tout
autant que celle de ma mère, avait quelque chose de magnifique.
Je
me sentais pénétrer de cette sensation étrange et d'une certaine
manière effrayante, comme cette mer immense que je pouvais voir en
baissant les yeux.
Je
me disais que ma vie était une sorte de miracle, et mes larmes ne
cessaient de couler.
Vers la lumière Sokyu Genyu éd. Philppe Picquier
Photos:
Fractales:
wikipedia ens de julia
Papillons, Raedschelders
Texture:
Rainbow_Abstract_Paint_Texture_by_Enchantedgal_Stock 2
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