mardi 29 mars 2016

Calligraphie "Pur"




Quand le coeur est pur
toutes  choses de ce monde
deviennent pures...
M° Dogen


Calligraphie: Lulena

mercredi 16 mars 2016

Vagabonds- Vagabondes



Vagabonds, vagabonder, vagabondages...










Que mon nom

soit « Voyageur »...

- premières pluies de 

printemps 

  Bashô







Les plantes voyagent. les herbes surtout.
Elles se déplacent en silence à la façon des vents. On ne peut rien contre le vent.

En moissonnant les nuages, on serait surpris de récolter d'impondérables semences mêlées de loess,  poussières fertiles. Dans le ciel déjà se dessinent d'improbables paysages.

 Le hasard organise les détails, utilise tous les vecteurs possibles pour la distribution de espèces. tout convient au transport, des courants marins aux semelles de chaussures. l'essentiel du voyage revient aux animaux. la nature affrète les oiseaux consommateurs de baies, les fourmis jardinières, les moutons calmes, subversifs, dont la toison contient des champs et des champs de graines.  Et puis l'homme, animal agité en mouvements incessants, libre-échangeur de la diversité...


Éloges des vagabondes G. Clément éd.R.Laffont



 Pluie de printemps 

une petite fille

apprend à un chat à danser

Issa

Photos: Lulena

Deux tu l'auras...








« Un bon tiens...» dit le Monsieur ; il s'interrompt, lève l'index et me regarde d'un air sagace «...vaut mieux que deux tu l'auras. » Je souris, poliment intéressée, mais je n'en crois pas un mot. Que cette petite phrase se présente comme une morale ne lui donne pas, selon moi, de valeur, et ce n'est pas parce que d'autres caractères pompeux l'ont répétée à travers les âges que ça la rend vraie.Tout au plus peut-on dire que la formule est bien troussée !

 



J'aime bien les «  Tu l'auras » ! Un peu d'espoir, un peu de rêve, un peu de courage. Sans cela, Christophe Colomb se serait-il embarqué pour l'Amérique ? Marco Polo serait -il allé jusqu'en Chine ? Aurait-on envoyé tant de spoutniks vérifier si Mars était plein de petits hommes rouges et l'espace aussi immense qu'il le paraît ? Plus simplement, cramponné à son « bon mien », qui quitterait son village pour aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte ?

 



Mais, poursuit le raisonnable, maintenant vous avez perdu ce que vous aviez sans être sûr d'obtenir ce que vous voulez. Ah ! La belle affaire ! De quoi peut-on être sûr dans notre vie ? Oui, parfois nous perdons. Nous perdons du temps, de l'argent, des occasions: peut-on toujours gagner ? Notre vie est-elle fait pour entasser, conserver et se mettre sous cloche parce que le vent souffle et que les nuages approchent ? Oui, je n'aurai sans doute pas réussi tout ce que je suis partie faire, mais dans le mouvement, dans l'audace, j'aurai appris tant de choses !

 











Appris qu'il est possible de se lancer sans avoir d'abord assuré toutes ses prises : ces moments de déséquilibre, de manque nous font chercher en nous des ressources insoupçonnées de force et de débrouillardise. Nous allons sortir de notre bulle parce que nous aurons besoin des autres, et nous les rencontrerons sur leur terrain, pas sur le nôtre. Nous aurons à faire preuve à la fois de jugement et de confiance. Nous allons prendre sinon notre mesure, néanmoins une mesure de nous-mêmes.






 Nous apprendrons de quoi nous sommes capables, quelles sont les peurs que nous pouvons dépasser, et quelles sont les limites qui nous retiennent. Je vois, parfois dans la douleur, que je ne vais pas réussir tout ce que j'ai tenté mais je comprends aussi que je peux accepter cela. Que tenter et ne pas réussir n'est pas un échec irréversible mais un apprentissage ; que rater, se tromper, perdre n'est pas la fin de tout, mais le début d'une réflexion : pourquoi cette erreur ? Comment puis-je mieux faire, quelles conclusions tirer de ces mésaventures ?

 





C'est vrai, nous allons revenir parfois blessés ou tristes. C'est vrai que la prudence est louable, tant qu'elle ne nous paralyse pas, et que la peur est bonne conseillère, à écouter pour choisir le chemin le plus sûr. Mais avancer ! Découvrir ! Rencontrer ! Cela vaut bien quelques découragements, quelques difficultés.














Et, promis, je ne m'en prendrai à personne de mes échecs, et je remercierai le monde entier pour mes réussites. Je sais que je suis responsable de mes choix, je connais cet autre proverbe : « Comme on fait son lit, on se couche »...et je choisis un lit de mousse et un oreiller d'herbe plutôt qu'une chambre close.

 



« Deux tu l'auras » et peut être trois ou quatre...ou rien ! Il ne s'agit pas de jouer notre vie à pile ou face, mais de la vivre, dans son insécurité, dans sa richesse, dans sa finitude. Vivre en faisant du mieux possible pour nous-mêmes et pour tous ceux qui nous accompagnent, en se laissant guider, non par des paroles creuses, mais par notre cœur. 






Publié dans le magazine LA Vie février 16 

 Trois soleils: Eva acrylique

Photos: Lulena 

mardi 8 mars 2016

11mars: soir de printemps - la vie même



Allumant une bougie
avec une autre -
soir de printemps

Buson






" Il y a quelque chose qui passe d'ici à là, une lueur, une constance dans ce crépuscule calme, dont nous sentons que c'est la vie même, tremblante et insaisissable, pourtant forte et évidente juste devant nous."
Blyth 



Zenki: chaque instant est un instant de plénitude...

La grande Voie des bouddhas, la Voie une et entière, est libre de tout obstacle. C'est l'évènement dans sa plénitude. 
Dire libre de tout obstacle, c'est aller jusqu'à dire que, de même que la naissance est libre à l'égard de la naissance, la mort est libre à l'égard de la mort. 

Ainsi [on parle de ]" sortir du monde ordinaire des naissances et des morts" , [ on parle d']"entrer dans le monde ordinaire des naissances et des morts".



[Mais] l'un ne va pas sans l'autre, car la grande Voie est une et entière. 

[On parle de]" quitter  le monde ordinaire des naissances et des morts", [on parle de] "traverser le monde ordinaire des naissances et des morts".


[Mais] l'un ne va pas sans l'autre, car la grande Voie est une et entière.


L'évènement par excellence, c'est la vie; et la vie, c'est l'évènement par excellence. 
L'évènement par excellence est cet instant de plénitude où il n'est rien qui ne soit entièrement pénétré par la naissance, où il n'est rien qui ne soit entièrement pénétré par la mort.

Il est cette ouverture spontanée où la naissance et la mort s'accomplissent sans se faire obstacle.



Cet instant même est celui de l'ouverture de la nature entière entière. Ni grande ni petite. Ni universelle ni singulière. elle n'est pas à venir; elle n'est pas imminente. (...)

La vie ne vient pas, la vie ne s'en va pas. Et pourtant la nature entière naît à chaque instant, la nature entière meurt à chaque instant...

Shobogenzo Zenki 





La source s'enroue
au péril des rochers;
à la couleur du soleil
le bleu des pins fraîchit.
Le soir au creux de l'étang vide

la paix de l'éveil
apprivoise les dragons.
Wang Wei




...et maintenant je comprends que le Maître ne disparaît pas, il change de forme. Il est ici, il est là: dans ce pin en haut de la colline, dans le nuage paressant dans ciel; dans cette goutte d'eau qui éclabousse la pierre, dans la pierre elle-même, dans la terre. Dans le temple et sur les sentiers; dans cette respiration, dans ce souffle de vent; dans cet instant de joie, dans ce moment qui passe, dans une minute, dans une autre.

 Il est là au cœur de la gratitude, de chaque prosternation, de tous les gasshos. 

Il est légèreté et liberté; il est espace et calme, il est silence. 

Je le reconnais dans un sourire, je le retrouve dans un regard, il est partout, à travers la forme, à travers le sans-forme

Il est le don et il est la source: l'arbre s'incline dans la vent, la rivière coule vers la mer, le printemps à chaque instant naît et disparaît.  

Il est la paix de l'éveil, les dragons et le grand ciel vide...







Textes
 Shobogenzo:traduction de C. Vacher Ed Encre Marine

Wou Wei: La montagne vide Ed. Albin Michel

Photos: Lulena (Japon) 





mercredi 2 mars 2016

Petits mondes ...



Chaque feuille est humide
 et le renard se hâte vers sa destination


petits mondes de pluie 
 sur un brin d'herbe
 secoué par une araignée qui se remet au travail



Every leaf is wet

and the fox hurries to his destination

small worlds of rain

on a grass-blade

shaken by a spider at work again

Geoffrey Squires 

Pierres noyées  Drowned Stones

 éd. Unes

La fin d'un blog

     Impermanence et changement...    pas facile parfois... la fin de ce blog depuis avril 2012, pour moi, un espace de liberté, un espace d...