samedi 16 décembre 2017

Le dernier refuge de l'homme libre



Il est possible que le livre 

soit le dernier refuge de l'homme libre.

Si l'homme tourne décidément à l'automate,

s'il lui arrive de ne plus penser

que selon les images toutes faites

d'un écran,

ce termite finira par ne plus être libre.


Toutes sortes de machines y suppléeront:

il se laissera manier l'esprit

par un système de visions parlantes;

la couleur, le rythme, le relief,

mille moyens de remplacer l'effort

et l'attention morte,

de combler le vide ou

la paresse

de la recherche et de l'imagination particulières;


tout y sera moins l'esprit.


Suarès 1920 

Lu sur la vitre de : 



Regarder les vitrines des librairies rend les jours de flânerie plus intelligents...

lundi 11 décembre 2017

Notre longue nuit...


 



Longue est la nuit pour celui qui veille,

Longue est la route pour celui qui 


 marche,

Longue est l'errance dans le samsara

pour celui qui ignore 


le Dharma sublime.




 Dhammapada








illustration: Hélène Shinsei

mercredi 6 décembre 2017

Reflets d'or...










Au petit matin, j'ai pénétré dans le parc.

Sous le tilleul un miroir de feuilles d'or 


reflétait l'or des feuilles du tilleul.

A la nuit tombée,

leurs lumières ne se sont pas éteintes .

 


Nathalie Calmé


jeudi 23 novembre 2017

S'alléger...le bon moment









Traveling Light – Voyager léger / Lumière du voyage*
Je voyage léger ( light) , comme la lumière ( light);
c'est à dire, aussi léger que puisse voyager un homme
qui transporte encore son corps à cause
de sa valeur sentimentale...
Christopher Fry



Il y a 1200 ans en Chine, un homme d'une quarantaine d'années appelé P'ang Yun entassa tout ce qu'il possédait dans un petit bateau et coula le tout dans le lac Tung T'in. Après cela, nous dit-on, «  il vécut comme une feuille au vent ».
Voyez - le dans le petit matin, barbotant au milieu du lac, regardant s'élever du fond de l'eau les dernières bulles. L'air est froid et serein. Le lac un peu brumeux et aussi calme que le ciel. Puis, il se détourne et nage jusqu'à la rive.



Justine Dalencourt, une Quaker française, fut obligée de quitter sa maison de Fontaine- Lavaganne quand l'armée allemande envahit la France en 1914, mais, auparavant, elle fit son jardin potager, disant: «  J'aime mieux qu'ils trouvent quelque chose à manger chez moi, plutôt que d'avoir à voler chez d'autres. »
Voyez-la, agenouillée, plantant la dernière graine. Tapotant le sol humide. Le chaud soleil du printemps. La riche odeur de terre montant vers elle. L'étrange bruit de tonnerre, au loin. Puis, elle se lève, fait demi-tour et part.


 
Voyager léger – imaginez: ne pas être encombré, une façon gracieuse de voyager comme une simple feuille. 

Maintenant imaginez-en une autre: la lumière par laquelle nous voyageons, la lumière qui montre le chemin. 
Notre lumière de voyage.
 
Qu'est-ce que ça veut dire «  vivre comme une feuille au vent »? Qu'est-ce que cela voudrait dire faire de notre vie un voyage de simplicité? 


Un voyage désencombré, sans fouillis, sans confusion – un voyage avec concentration et attention? Un voyage de légèreté et de lumière?
 
Les Quakers disent qu'une flamme divine brille à l'intérieur de chaque être humain. Chaque être humain. Tous les êtres humains. Est-ce qu'une telle lumière nous rappellerait qu'après avoir volé notre maison, les soldats auront faim? Et pour voir cette Lumière Profonde, en nous-même et dans les autres, faut-il d'abord avoir coulé notre bateau ?




En1889, à l'âge de 19 ans, mon grand-père quitta sa famille et ses amis de Suède et s'embarqua pour l'Amérique. Il emballa tous ses biens terrestres dans un petit coffre en bois. 

Aujourd'hui, ce coffre est posé près de mon bureau. Il est fait de lames de bois entourées d'un cadre; ses charnières laissent le couvercle entrouvert. Le bois lui-même, maintenant brisé à plusieurs endroits, a pris une teinte foncée.



  Je regarde ce vieux coffre, et je vois un jeune fermier, la peur et le goût de l'aventure dans ses yeux, écartant tout sauf l'essentiel, faisant naître de l'intérieur de lui-même une simplicité tranquille. Je le regarde monter à bord un matin brumeux et s'éloigner vers le large.
 
Moi, je n'ai pas voyagé beaucoup mais je garde dans mon grenier quelques belles valises. Et aussi, 2 sacs à dos, 3 sacs à bandoulière, un sac marin, un porte-documents, plusieurs fourre-tout, un sac de camping, un panier tressé en frêne, 3 sacs de couchage et une ou deux tentes. 

Devant le coffre de bois de mon grand-père, je réalise qu'il ne pourrait pas contenir tout ce que j'estime nécessaire pour un pique-nique d'été. 

Et, contrairement à P'ang Yun, je ne peux imaginer où je pourrais trouver un canot assez grand pour emporter tout ce que je possède au milieu du lac. 

Évidemment, j'ai l'intention de garder tous mes biens terrestres très loin de l'eau.
 

Pourquoi? Me manque-t-il la nécessaire légèreté? La Lumière nécessaire?




* En anglais, le mot «  light » a deux sens: 1. la lumière 2. léger

Philip Harden «  Journeys of Simplicity » trad. Joshin Sensei – ( Spécial Avant Cadeaux de Noël....)



dimanche 19 novembre 2017

L'esprit du pratiquant...



Attention à la surchauffe...!


Dédié à tous les rakusus...merci à Françoise qui me l'a envoyé...Voici son message:

"Oh, c'est du chauffage au sol, ça chauffe tout doucement, de manière constante, sans pic ni réel creux ;-) Et c'est au rez-de-chaussée d'un futur zendô, donc ça ne craint rien :-)" 




dimanche 12 novembre 2017

Le lapin de la lune

    Conte japonais

 Lune d'automne, la plus pure, la plus belle...Regardez la bien : peut-être, comme les enfants japonais, y apercevrez-vous une silhouette bondissante, aux longues oreilles...





Voici l'histoire :
  En ce temps-là, il y avait une grande forêt dans laquelle vivaient les animaux sans peur, n'ayant eu que peu à faire avec les humains. Or arriva un vieil homme qui s'affala au pied d'un arbre en pleurant. Surpris, les animaux s'approchèrent.
« Qu'as-tu donc ? » demanda le lion, parce qu'il savait que les autres le regardaient.
« Hélas, soupira le vieillard, j'ai faim, j'ai très faim, je vais mourir de faim... »
Le doute plana  : y avait-il quelque chose à faire, et fallait-il le faire ? Après tout, on n'avait pas vu souvent d'hommes dans cette forêt. 





« C'est l'occasion de faire connaissance» suggéra le singe, amusé par la ressemblance de cet homme avec son dernier né.
    «  Et de quoi as-tu besoin ?  -Eh bien, il me faudrait une marmite avec de l'eau, du bois qui brûle en-dessous, et quelque chose de bon dedans ». 


« C'est bien compliqué», gazouilla un moineau. Le roi le pensait aussi, mais il s'était trop avancé pour reculer sans perdre la face. «  Très bien, dit-il. On s'en occupe ». 

 Et il donna ses ordres avant d'aller s'asseoir à l'ombre.
  Le chacal, la loutre et le singe partirent en courant; et le lapin – ah, mais je n'ai pas encore parlé du lapin ! Une pauvre petite chose, bien différente de nos fringants maîtres Jeannot d'aujourd'hui ! Quasiment pas de poils, incapable  de sauter !




 Il n'y a que ses oreilles qui étaient les mêmes, et tous les animaux se moquaient de lui comme savent le faire les bêtes quand elles sont ensemble. Mais vaillamment le lapin lui aussi partit à la recherche de nourriture.


Bientôt, ils furent de retour... (  bon, c'est vrai, j'enjolive un peu :un conte n'est-il pas fait pour raconter à sa guise quand la soirée est belle, que ça sent bon les pins et le feu de bois, et que la lune traverse le ciel en clignant de l'oeil... ), le singe, donc, fier autant qu'effrayé, portait à bout de bras un brandon enflammé ; le chacal serrait contre lui une marmite, dérobée on ne sait où, la loutre avait rempli d'eau ses bajoues...et le lapin boitillait misérablement, un petit bouquet de serpolet serré dans une patte.

 Le lion, aidé de l'homme  dont on entendait le ventre gronder, installa le feu, et la marmite...et ?  Et l'homme regarda tristement la marmite remplie d'eau. Le lapin fut pris de pitié : malingre, laid, il connaissait la tristesse et aussi le désespoir;  
voyant le corps du malheureux, déformé par la faim, il se reconnut à travers sa faiblesse. Il souffrait pour lui, et n'avait rien à offrir.
    

Alors, pour la première fois de sa vie, il fit un bond splendide, tout droit dans la casserole, et s'offrit, lui, le mal-aimé, le miséreux.




 Merveille ! Le vieillard redevint le jeune dieu qu'il était en vrai ; il remercia tous les animaux – le lion essaya de cacher son air vexé - et se tourna vers le lapin : « Tu es le plus petit, tu es le plus pauvre et tu es le plus généreux ; je veux te montrer ma reconnaissance..  » 

Et le corps du lapin se couvrit d'un beau poil clair, et ses pattes devinrent solides et musclées, et il fut heureux, le lapin, si heureux qu'il se mit à faire des bonds de joie...il sauta, sauta, de plus en plus haut, jusqu'à la lune...Regardez ! En automne, par une belle nuit de pleine lune, vous pouvez le voir,  tout là-haut, le lapin au cœur plus grand que le monde...



lundi 6 novembre 2017

Zen et navets



Les navets sont comme les personnes du Zen
ils sont bons
quand ils sont bien assis

- d'après Sengaï - pôvre!

dimanche 29 octobre 2017

Regarder avec le coeur...Bagan

Une promenade...une promenade pas avec un oeil de touriste, mais avec le regard du Dharma. 

Pour voir la dévotion qui a sculpté ces pierres - pour marcher dans les pas des milliers de personnes qui ont déjà marché là - pour s'émerveiller de partager la même joie à des siècles de distance - pour éprouver de la gratitude envers ces bâtisseurs, ces visiteurs, ces conservateurs, et d'abord envers le Bienheureux et ses disciples. 

Une promenade d'admiration, de bonheur que de tels lieux existent et demeurent dans notre monde, un réconfort dans la beauté qui touche directement notre coeur.

Oui, regardez avec le coeur, pas avec les yeux.


Laissez chaque image vous toucher dans son harmonie et sa beauté; dans ce qu'elle nous dit de la nécessité de nous ressourcer dans l'harmonie et la beauté.

Lavez-vous le coeur si plein de soucis et de tracas avec ce ciel, ces temples, ces arbres, tout cet espace...


Restez tranquille un moment. 

Et souriez. Et respirez. 









































Chute de la dynastie Bagan à la fin du 13ème siècle...Temples et bâtiments envahis, détruits; délabrement et ruines ...impermanence....mais qu'importe: le Dharma est sans début et sans fin

The end of the thirteenth century witnessed the fall of the Bagan dynasty. Thousands of pagodas were despoiled by the invaders and vandals and the king, who fled from the Chinese, is believed to have dismantled a considerable number of the monuments to collect materials for building forts. 

Since then the great mass of the religious edifices were left to decay and ruin and today we see no more than a hundred splendid monuments which attract and retain attention and since their foundation, have remained as places of worship. 
http://bagan.travelmyanmar.net/bagan-history.htm

           BAGAN

white clouds above the horizon 
yellow clouds against the blue

Thatbyinnyu, Ananda
Shwe Zigon

the setting sun bequeaths
a bright casket
aglow with the ardour of men gone

infinity was in their eyes
Ayeyarwady's ( Irrawedy's) rhythm in their fingers                   
piety's beauty in their arms

these forms illuminate
our corridors of quotidian apprehensions
our stairways of occasional hope

white clouds above the horizon
yellow clouds against the blue
an afterglow that will not fade

     WIN PE                                                                  http://www.maymyanmar.com/wp/poems/sense_of_place/bagan.shtml

Photos: une de wiki, les autres Anne et Yvon, gratitude

lundi 23 octobre 2017

Les murs des villes



A la dixième lune
lorsque le vent 
disperse les feuilles rouges
sans autre raison
tout paraît triste

Fujiwara no Takamitsu







Toute la nuit
je la passerai à la regarder
la lune d'automne- 
puisse-t-il ce soir dans le ciel
n'y avoir pas de nuages! 

Taira no Kanemori


Images anonymes, passage de Charonne Photos Lulena

vendredi 13 octobre 2017

Parfait? Imparfait?




 



Kintsugi




Kintsugi, Gintsugi et Urushi-Tsugi sont trois termes qui, à eux seuls, peuvent résumer tout un pan du rapport à l'objet en Asie, très éloigné de notre conception occidentale.
En effet, dès qu'une céramique se brise sous nos cieux, son destin est de rejoindre le dépotoir le plus proche et les grandes pièces de collection voient leur prix chuter de façon drastique, quand elles ne perdent pas tout simplement toute valeur aux yeux des collectionneurs. 







 Historiquement, il est dit que le Shogun Ashikaga Yoshimasa ( 1435 - 1490 ) ayant cassé son bol à thé favori, émis le souhait de voir ce dernier réparé. Le bol fut alors renvoyé d'où il provenait, c'est-à-dire de Chine, dans les mains d'artisans réputés habiles et pouvant satisfaire la demande du souverain. Après un long moment, le bol revint au Japon, mais le Shogun ne fut pas satisfait de la réparation : en effet, les morceaux étaient tenus entre eux par des agrafes métalliques plus que disgracieuses et qui ne rendaient pas réellement l'objet utilisable puisque ne comblant pas les fissures entre chaque morceau. Ashikaga Yoshimasa aurait alors demandé aux artisans japonais de trouver une technique susceptible de pallier aux problèmes posés par la réparation avec des agrafes : la réparation à la laque d'or ou Kintsugi était née de cette recherche ...






Parfait ? Imparfait ?
Et vous?




 mousse en fleurs
dans ses petites cicatrices- 
Jizo de pierre

Issa



 


dimanche 8 octobre 2017

Marcher vers...?




Lune claire d’automne -
j’eus beau marcher, toujours lointaine,
dans un ciel inconnu






Chiyo-ni (Trad. par Daniel Py d’après Haiku de R.H. Blyth)

Chiyo Ni, la nonne bouddhiste Chiyo...
Est-elle découragée d'avoir marché, encore et encore et encore toute sa vie, vers cette lune, toujours aussi lointaine? 

Ou bien se réjouit-elle seulement d'avoir pu la contempler...?

Et nous, marcheurs de l'absolu, que verrons-nous quand nous ouvrirons vraiment les yeux?









images: heartconnection

dimanche 1 octobre 2017

Gathas du jardin




Assise dans le jardin 
Je fais le vœu
Avec tous les êtres
De garder la fraîcheur de ce matin
Même au plus noir de l'hiver 


 

Assise dans le jardin
Je fais le vœu
Avec tous les êtres
De reconnaître l'importance de chacun
Dans le bouquet du monde

 


Assise dans le jardin
Je fais le vœu
Avec tous les êtres
De me souvenir que fleurs blanches
 fleurs roses fleurs jaunes
Toutes sont aussi belles

Lulena

lundi 18 septembre 2017

Un silence d'or

C'est un pays éternel où la neige n'existe pas, ni la pluie. Même le vent ne passe pas.
 

Quelques étoiles brillent dans une nuit froide et claire. Mais c'est le silence qui gouverne. 
Un silence d'or où les échos n'ont pas de place.
 

Un mur blanc est dressé autour, quelques gardiens veillent à la frontière.
 

Tout le monde a un passeport, tout le monde est invité. Le chemin n'est pas très connu, pourtant le premier pas s'ouvre dans le coeur et le dernier dans le vide.

 


La nature se glisse sous la porte, silencieuse comme un coucher de soleil,
 

aussi bruyante que la pleine lune au mois de mai.
 

Elle entre dans ton sang, lèche tes blessures, et t'enseigne ses leçons éternelles:
 

l'herbe qui pousse, le sol couvert de neige, et l'orage qui gronde à l'est.
 

Tu restes là, nue, soutenue par un souffle de tendresse.





Mary Newcomer


jeudi 14 septembre 2017

Et encore encore un peu...au fond de la mer



Au fond de la mer il y a de blanches 

frayeurs,
 
Où les plantes sont des animaux
 
Et les animaux des fleurs.

Sophia de Mello «  Au fond de la mer ».




Photo: Pierre







dimanche 10 septembre 2017

Ce matin, l'automne...

Ce matin, l'automne s'incline sur la ville. Une inconstance se balance entre cieux obscurcis et lueurs d'été. Doux et candide, Septembre effleure nos fronts, alors que les plages et les remblais se vident. On se cramponne aux ardeurs de juillet, on se souvient de la blondeur du soir, des vocalises en terrasse, des crépuscules rosies, du sable et des étoiles. Tandis que s'abrègent les jours, nos corps se revigorent au moindre rai de lumière. C'est une secousse en fleur, en bouton pour l'heure ! Une dédicace de saison, en halos et grelots. Sur la pointe des pieds, l'igné se retire. 
Les oiseaux se recueillent. L'automne sourde avec bonté... 



Texte: Nathalie C.
Photo: Lulena

mardi 5 septembre 2017

Encore un peu...



Le soleil s’était enfin couché. Le ciel et la mer se confondaient. 

Les vagues déferlantes étalaient sur la rive leurs larges éventails, faisaient pénétrer de blanches ombres dans les profondeurs sonores des cavernes, puis reculaient en chantant sur le gravier.






V. Woolf Les Vagues Photo Lulena

jeudi 31 août 2017

Sur la place du marché...

Sur la place du marché à Moulins...



Sur la place du marché,

attablée à une terrasse,

je m’émeus des traînées de 

vie 

laissées par les passants,

dans leur sillage.



Une énigme émaille leurs 

pas,

comme les raies du soleil 

 ébruitent l’aurore.



Il est midi.

Dans ce brouhaha aux 

arômes 

de fruits, de poisson et de 

levain,
 
nos solitudes signent le 

même chant.


Les âmes s’affairent et 

savourent l’acoustique 

criarde de leurs acolytes.


Frères et sœurs en paniers 

d’osiers,

quel délice de se heurter 

le long des étals des 

maraîchers !


Nathalie Calmé



Le 15 août 2017
 Montage photo: Nathalie C.



La fin d'un blog

     Impermanence et changement...    pas facile parfois... la fin de ce blog depuis avril 2012, pour moi, un espace de liberté, un espace d...