mercredi 21 février 2018

Prendre une douche est un art


Two Poems from the Abbey 



C’est une danse: l’espace entre mes pas alors que je marche lentement vers la salle des cérémonies
Talon-pointe, talon-pointe, gratouillis de la moquette rouge ( c’est peut-être un peu romantique)
Une goutte de pluie trouve mon épaule, frappant comme un silex frappe un coeur tendre. Un temps pour la pause? Abandonner. Un point frais sur ma joue, une goutte de pluie.
La pratique de l’attente. Chaque matin à 5h45, je fais la queue devant le zendo, les mains au chaud, attendant déjà ma respiration, comme si je cherchais sérieusement des lucioles : une, deux, trois.
Au petit-déjeuner, le voyage entre le bout de mes doigts et la peau nacrée, collante de l’oeuf dur.
La méditation: une laisse autour du cou d’un éléphant sauvage, furieux. Remarquer les espaces, nous rappellent les monastiques. Ils disent souvent cela, comme une mélodie jouée par plusieurs instruments.
Les espaces dans les pensées. Avec la pratique, ils s’agrandiront et se produiront plus souvent.
La pensée ralentit. L’esprit est une flaque d’eau aux pierres couleur arc-en-ciel.
Remarquez les espaces, mais laissez-les partir, continuez: l’esprit met ses affaires au mont-de-piété, sans fin.
II.
Illumination: faire pleinement l’expérience de la texture de la vie. Une gorgée de thé, chaud, la langue éblouie. Une douleur sous l’omoplate.
Le grattement du toast sous la lame du couteau. L’os du poignet pousse sous la peau comme une petite planète.
Regardez et attendez à la fenêtre avant le premier gong la pluie qui strie les carreaux en ce matin gris-noir. S’éveiller de sa confusion.
Une nuit, je me savonne le bras, je remarque que je ne suis pas vraiment en train de me laver. L'eau coule, chaude, mais je la sens à peine. Est-ce que prendre une douche est une compétence – un art- qu'on peut développer ? Je me demande.
Mes années de douche sans m'en rendre compte. Est-ce que la chorégraphie des douches changera quand je me raserai la tête ? L'attention va commencer à me harceler.
J'essaie de passer sur ma peau la serviette éponge comme si je pelais un œuf dur, comme je suivrais mes pieds quand je marche, comme lorsque ma respiration dérape.
Enlightenment: to experience the texture of life fully. Sip of tea, hot, dazzles the tongue. The band of ache under a shoulder blade.
Rasp of toast along the knife blade. Wrist bone pushes beneath the skin like a small planet.
Watch and wait by the window before the first gong, rain streaking the glass on
a gray-black morning. To wake from the daze.
One night, I run soap over my arm, notice that I’m not actually cleaning. Water runs, hot, but I barely feel it. Is showering a skill I can become better at? I wonder.
My years of unconscious showers. Will the choreography of a shower change when I shave my head? Mindfulness will begin to dog you.
I try to run the washcloth over my skin like I peel my egg, like I follow my feet, like I sense my breath slipping.


Miranda Arocha Smith
 

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