vendredi 9 mars 2018

Le vieux prunier a dit: " Don't care..."

Don't care small things!  

 Le Roshi nous regardait demander, nous plaindre, attendre toujours quelque chose, autre, ou mieux - enfin, mieux, de notre point de vue, parfois un peu étroit !- en train d'essayer de changer les choses, de les tirer/pousser, de les mettre dans ce qui nous semblait notre intérêt...



Il voyait notre insatisfaction perpétuelle, nos attentes, nos envies, parfois tout simplement cette envie de changement de "quelque chose d'autre"...Il voyait que nous étions toujours sur nos gardes, prêts à nous défendre, à défendre notre territoire, notre point de vue. 


Il voyait comment nous nous bloquons au moindre mot, au plus petit obstacle; comment nous réagissons avec colère, avec agressivité, au moindre petit nuage qui nous semble menacer notre bien-être ou nos décisions. Que nous imaginons même parfois menacer notre existence même, c'est à dire notre toute-puissance.





Et il avait une seule réponse pour tout cela, pour notre agitation, nos déceptions, notre colère, nos états d'esprit:
" Don't care small things..."





Ah! Je trouvais cela tellement injuste au début...Comment pouvait-on appeler  mon agitation, ma déception, ma colère, mon état d'esprit " small things"?!

Comment ne voyait-il pas l'importance de ce qui m'arrivait? L'importance de cette chose que je n'avais pas eu, et que j'attendais, ou au contraire de cette tâche que l'on m'avait donnée et dont je ne voulais pas?  

Comment pouvait-il passer si complètement à côté de ce qui faisait ma vie de tous les jours, et renvoyer tout cela à la catégorie de "rien du tout"?
 


Alors j'essayais patiemment d'expliquer, un peu, j'en ai peur,  comme on explique une situation à un enfant  - ah! l'arrogance des baby-disciples...

" Mais...mais mais...but, Roshi, this is not small thing...this is a VERY important thing..."

Ce qui naturellement n'amenait qu'une seule réponse: 

" Don't care small things..."


Et il m'a fallu, du temps, des colères, des refus, des déceptions, pour commencer à comprendre, à faire un peu d'espace, à voir les choses un petit peu moins de "moi" à "moi", à accepter d'entendre plutôt qu'à refuser - ah! les refus des disciples!- pour que ces paroles fassent leur chemin...

 Beau chemin, chemin d'aise et de calme... 













Et bien sûr, encore aujourd'hui, des années après, j'entends encore sa voix, quand je commence à avoir la tête trop pleine, à m'agiter, à trop attendre, j'entends un rire:

" Hey! Come on, Disciple! Don't care small things..."

Et il ne me reste plus qu'à rire moi aussi...

Les paroles du maître, tout comme la gratitude que l'on éprouve envers lui, sont sans limites et sans fin...

Prosternations...



Photos: Uruguay, sesshin septembre 2009. Zuigakuin.












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